Auteur Sujet: L'Italie  (Lu 3551 fois)

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Hors ligne milène

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L'Italie
« le: 05 avril 2005 à 21:50:15 »
 bonjour à tous :rolleyes:

nous avons eu un formateur (conseiller pédago) mercredi dernier qui a passé beaucoup de temps en italie pour y faire ses études et il nous a fait partager ses connaissances sur ce pays. :)


alors voici : il n'existe pas ou très peu de centres spécialisés pour les enfants en difficulté scolaire ou handicapé comme on connait en france (IME, SESSAD, papillons blancs...........).

tous les petits italiens sans exception sont accueillis dans la même école et la même classe.

pour dire, ce formateur a même vu un jeune très lourdement handicapé (je n'aime pas employer ce mot mais il nous a décrit l'état végétatif="légume") dans un fauteuil roulant, qui faisait parti d'une classe dite normale (en france) et les enfants avaient la responsabilité de s'occuper de son bien être (bouger le fauteuil dans la classe et le cour de récré............par exple)

il reste à la france encore beaucoup de progrès................ :wacko:  :wacko:





 
Milène
AVS 27 (Eure) depuis sept 2004 milieu rural

en congé maternité jusqu'en mai 2009

Sandy avs i 59

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L'Italie
« Réponse #1 le: 12 juillet 2005 à 17:42:16 »
 Bonjour à toutes,


La politique d'intégration scolaire italienne en milieu ordinaire est loin d'être parfaite car contrairement à ce que véhicule les médias beaucoup d'enfants qui ne trouvaient pas de place en milieu ordinaire (IMC lourd avec autisme et lésion cerébrale sévère par exemple) se retrouve sans aucune prise en charge spécialisée car la conséquence de la politique de Berlusconi a été de favoriser l'intégration en milieu ordinaire au maximum dans le seul objectif de fermer les structures spécialisées car elles coutaient trop chers ( une prise en charge en milieu ordinaire à temps partiels coute 300 euros une prise en charge de qualité en milieu spécialisé coutait à l'Etat Italien 10000 euros par mois.

 En conséquence en prétextant l'intégration en milieu ordinaire le gouvernement italien n'a fait que faire un calcul purement comptable. Ainsi des enfants les moins handicapés sont placés en milieu ordinaire mais les plus lourdement handicapés sont sans solution puisque les structures spécialisées sont en voie de fermeture.

Au passage, les personnels de ces structures avaient acquis une connaissance pratique et théorique des situations de handicap qui se trouve jetté à la poubelle.

C'est un peu aussi, ce qui se passe en France si on regarde les choses de près:

On crée de nouveaux métiers pour déqualifier les anciens. Des taches qui étaient effectuées par du personnel qualifié est effectué maintenant par des personnels moins qualifiés (encadrement de groupe par moniteur avant compétence des diplomés en travail social de niveau 3).

Des soins effectués par les infirmières sont effectués par les aides soignantes. Ainsi, on fait courir des risques sanitaires à des populations.

On transfère des soins qui étaient avant effectuer par les infirmières à la famille, ainsi on abaisse le cout des prises en charge pour la sécurité sociale et l'Etat. loi de février 2005 pour la France.

Pour la prise en charge en milieu spécialisé, les différentes réformes ont mis en place le système de l'enveloppe globale dans la gestion des établissements spécialisés donc c'est plus les contraintes comptables qui décident du soin que les besoins de la population.

On peut constater le même phénomène pour la prise en charge en France des personnes agées. La canicule a fait des morts il y a 2 ans très peu contrairement à ce qui a été dit dans les maisons de retraite. 80% des décés ont été constaté dans les grandes villes dans des logements vetuste où les personnes vivaient seule car leurs enfants étaient parti travaillé dans une autre région.

 Derrière le misérabilisme que met en avant les médias sur le recul de la France en matière d'action sociale, il faut d'abord étudier les enjeux de pouvoir, les contraintes financières, le corps social dans tous ses aspects (socilogiques, juridiques, anthropologiques, psychologie collective, organisation juridique de l'Etat) etc. C'est en ayant un débat contradictoire sur l'ensemble de ces facteurs que l'on peut se prononcer sur la pertinence de la politique d'action sociale de l'Etat et poser les questions sociales., Je fais l'économie de tout ce qui peut être dit en matière de déconstruction des discours institués sur la question de handicap en France.

Juste pour info, la France a été le premier pays qui fin 19eme a reconnu la responsabilité de l'employeur dans les conséquences d'un accident du travail qui entrainé le handicap. Le débat sur l'Etat Providence et les droits collectifs a été ouvert pour être consolidés constitutionnellement en 1946 sous la 4eme République.

Il ne faut surtout pas oublié ce point juridique car c'est ce point qui a ouvert tout les droits des personnes handicapés aujourd'hui en matière de reclassement professionnel. Même si la politique de la France n'était pas parfaite elle a ce mérite. Beaucoup de lois qui sortent aujourd'hui amènent des politiques sociales catégorielles qui ne sont que l'application imparfaite de la philosophie de John Rolls sur la discrimination positive. Philosophie qui interdit des politiques sociales tranversalles mais se focalisent sur des particularismes qui stigmatisent les populations ( exemple la condition des black  aux USA, les conditions d'immigration au Canada).

Voilà avant de critiquer le système social francais il faut savoir d'où vient ce modèle et pourquoi il est là et comment ensuite on peut l'améliorer sans pour autant copier systématiquement les modèles étrangers qui pour des raisons sociales et humaines ne sont pas toujours transposables.

Très cordialement,

Hors ligne Adeline

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L'Italie
« Réponse #2 le: 12 juillet 2005 à 20:03:53 »
 De toute façon il est clair qu'il n'y apas la bonne solution pour tous ces cas particuliers, ce qui me fait un peu peur en Italie, vu ce que tu dis Milène, c'est le déni du handicap, la politique du voilage de face et de la vitrine, même si j'entends bien en même temps qu'en France on stigmatise beaucoup les gens, et on finit par les définir par leurs particularités (handicap, origine sociale, professions...)

Et ce qui est flippant encore plus c'est que de plus en plus toutes ces questions, humaines et sociales se posent de manière budgétaire et sont soumises à des logiques de rentabilité...

Le social, l'éducation ne peuvent pas par définition être rentables, ce sont des services, ces logiques n'y ont pas leur place, on en voit déjà les conséquences, à divers niveaux...

C'est contre cela qu'il va falloir se battre à mon sens, prendre le problème à la source, déplacer cette question d'argent pour mieux répondre aux attentes de chacun, car je crois quand même qu'une réponse adapté au handicap (centre spécialisés...) c'est respecer la personne et lui offrir des possibilités pour avancer comme chacun d'entre nous...

je sais pas trop, ça remue ces sujets....ça pose vraiment de grandes questions...
deline

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Sandy

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« Réponse #3 le: 15 juillet 2005 à 17:30:39 »
 Salut Adeline,


Bonne chance, au moins avec ce diplome tu auras une formation professionnelle serieuse et du travail.

Hors ligne Adeline

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L'Italie
« Réponse #4 le: 15 juillet 2005 à 17:39:40 »
 Merci Sandy en espérant que tu dises vrai, enfin pour la formation j'y crois mais en ce qui concerne le boulot, dans le coin, c'est pas gagné, en tout cas merci pour ta réponse qui à mon sens à relevvé des choses très intéressantes!

Bonne continuation à toi aussi, bises
deline

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Hors ligne rainbow

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« Réponse #5 le: 16 juillet 2005 à 10:15:36 »
 Bonjour Sandy,

Je relève ceci dans  ta contreverse sur le système italien:

"aucune prise en charge spécialisée car la conséquence de la politique de Berlusconi a été de favoriser l'intégration en milieu ordinaire au maximum dans le seul objectif de fermer les structures spécialisées car elles coutaient trop chers "

Tes sources sont incomplètes, la politique d'intégration à l'école ordinaire en Italie date de 35 ans en arrière.
Elle n'est pas parfaite, cependant des pédagogues, formateurs comme le professeur Gardou de Lyon2, ou un ancien inspecteur AIS comme M. Daubannay qui sont allés voir comment les choses se passent en Italie, voient là une véritable avancée de société dans l'acceptation de la différence comme faisant partie de la vie et comme un plus  dans la richesse de la Société.

http://www.chez.com/crhes/' target='_blank'>http://www.chez.com/crhes/

Si tu as l'occasion de faire partie d'un projet Européen d'échange sur ces questions n'hésites pas, cela vaut le peine d'aller constater sur place ce qui se passe vraiment.

J'ai eu cette chance, j'ai rencontré des parents et des professionnels, je suis allée dans une école (malheureusement seulement une!) où une enfant en fauteuil, en coquille, sans parole et avec un usage  quasi inexistant des mains (Trisomie 21+ autres handicaps) a appris à lire avec l'enseignante de soutien, dans la classe, avec pédagogie différenciée. J'ai échangé avec cette enseignante qui a reçu une formation par un spécialiste pour cette pédagogie adaptée, qui est venu sur place, pour cela.

Les élèves de la classe étaient tres heureux de la présence de cette enfant qu'ils ont appris à en découvrir les richesses cachées. De plus sa présence leur valait un atelier avec intervenant extérieur, atelier théatre, comme projet spécifique pour favoriser l'intégration  de l'enfant. Un plus par rapport aux autres classes.

Ce serai sympa que tu t'inscrive comme membre  de notre forum maintenant que tu interviens  longuement.

A plus et cordialement.

Renée-Rainbow  
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je prendrai qd même la retraite en AOUT 2010

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L'Italie
« Réponse #6 le: 16 juillet 2005 à 10:26:32 »
  Je suis retournée faire un tour dans la rubrique  "pratiques positives"  France Europe ou ailleurs, dans laquelle se trouve nos messages, celui-ci et les précédents.

La réponse d'une maman française en Italie dans le sujet  "classes maternelles en Italie, parle de l'école de  sa fille et de la transformation  de l'établissement spécialisée qu'elle était en école ordinaire qui a gardé un caractère de référence sur les troubles du langage.

Transformation qui date des années 70.

Si vous avez des questions, je peux les transmettre à cette maman, ou vous donner son adresse. Nous sommes sur une même liste d'échanges Yahoogroupe.

Cordialement.

Renée-Rainbow
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Sandy,

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« Réponse #7 le: 16 juillet 2005 à 22:01:42 »
 Bonjour Renee,

Je parlais des handicapés pour qui une scolarité en milieu ordinaire n'est pas possible car trop risquée sur le plan médical et psychiatrique.

il s'agit des enfants que l'on n'ose pas montrer et pour qui aucune solution n'est envisageable et la seule solution reste la domiciliation chez les parents car en italie notamment dans le sud des structures spécialisées font defauts.

Quand au discours sur le retard de la France, il faut le manier avec précaution car il peut cautionner un desengagement de l'Etat.

Notamment dans la prise en charge des personnes en situation d'exclusion sociale comme les polytoxicomanes qui eux aussi ne l'oublions pas sont des personnes en situation de handicap car en souffrance mentale et physique et peu représentée don peu defendue ou beaucoup moins que les personnes dont les AVS ont la charge.

En effet, plus d'1 personne sur 2 arrivant par le biais du 115 souffre de pathologies psychiatriques severes et de handicaps physiques suite au conditions de vie particulieres liées à la vie dans la rue.

On repère de plus en plus des pathologies que l'on croyait éradiquées en France.

Ne jamais oublier ce public  telle est ma conviction profonde.

Je doute que la politique sociale italienne ne soit aussi rose que ce que dise les médias....

Sandy avs i 59,

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L'Italie
« Réponse #8 le: 16 juillet 2005 à 22:07:13 »
 RE,

Je vous souhaite de belles journées et de bonnes vacances.

Hors ligne rainbow

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L'Italie
« Réponse #9 le: 18 juillet 2005 à 12:07:14 »
 Milène , Sandy, Adeline,

Voici un interview d'une maman italienne tres impliquée et ayant des responsabilités  maintenant au Ministère des Affaires Sociales italien A-Maria Comito:
Italie : Scolarisation des enfants  avec handicap
Interview d?Anna Maria Comito
Experte département des politiques communautaires au Ministère des Affaires Sociales

un article paru en 2003, vous vous souvenez, l'AEPH=Année Européenne des personnes  avec handicap

Anna-Maria Comito, célèbre en Italie pour son combat en faveur de l'intégration scolaire des enfants handicapés, est responsable du département politique communautaire au sein du ministère des affaires sociales Elle est également experte du département des politiques communautaires pour la préparation de l'année européenne des personnes handicapées. Elle revient sur 30 ans de lutte.

Dans les années 70, vous avez créé l'Unione Famiglie Handicappati [1], un groupe de pression composé de parents d'enfants handicapés, pour favoriser l'intégration de ces derniers dans le milieu scolaire ordinaire. Pourquoi ce combat ?

En 1975, avec trois autres mères, nous nous sommes battues pour que nos enfants handicapés obtiennent des soins de rééducation. En 1977, nous avons commencé notre combat pour l'intégration scolaire de nos enfants. Ma fille Clelia, tétraplégique, sourde, ne parlait pas et ne tenait pas sa tête. Cependant, j'ai voulu qu'elle aille à l'école maternelle comme n'importe quel enfant. En Italie, on pré-inscrit l'enfant à l'école en janvier et on confirme son inscription en juin.
À ce moment-là, le directeur doit aménager la classe pour que l'enfant soit accueilli à la rentrée scolaire, fin septembre. J'avais demandé une chaise adaptée pour ma fille, afin qu'elle soit assise comme les autres enfants et non en fauteuil roulant. Le directeur n'a pas tenu compte de ma demande. Mon combat a fait l'objet d'un film « La chaise de Clelia », diffusé par la RAI. Clelia y jouait son propre rôle. Il a obtenu une formidable audience et secoué les esprits par rapport aux
enfants lourdement handicapés jusque-là accueillis dans des écoles spécialisées, voire en hôpital psychiatrique. Les parents et les enseignants ont été très stimulés par ce film.

En 1977, une loi a permis la fermeture des écoles spécialisées pour les enfants handicapés.

Cette fermeture s'est faite progressivement pour devenir définitive en 1980. Grâce à cette loi, tout enfant handicapé, et quel que soit son handicap, a le droit d'être scolarisé. Cela a été rendu possible par la volonté commune des parents, des enseignants, des éducateurs d'écoles spécialisées et des politiques. Tout le monde était d'accord.
En 1978, les hôpitaux psychiatriques ont également été fermés. Ils accueillaient notamment des enfants très lourdement handicapés, souvent complètement abandonnés à leur sort. Ils restaient la plupart du temps en position fatale.

Comment s'est organisée la prise en charge de ces enfants à l'école ?

Les classes qui accueillent un enfant handicapé sont limitées à 20 élèves. Un enseignant spécialisé, délégué par l'État, vient soutenir le maître ou la maîtresse. Les écoles ne peuvent pas refuser l'inscription d'un enfant handicapé, le parent a le droit de choisir l'école de son enfant. Lors de l'inscription définitive, les parents
fournissent au directeur un certificat médical concernant le handicap de l'enfant et les besoins qu'il crée. Une équipe dans l'école (directeur, maîtresse, psychologue ou assistance sociale) évalue les besoins de l'enfant et en concertation avec la commune et l'unité sanitaire locale, établit un programme individuel pour l'enfant. La
commune ou le département prend en charge le transport de l'enfant. Si le handicap est lourd, l'enfant aura une auxiliaire de vie déléguée par la commune, en plus de l?enseignant de soutien, selon les besoins. Le ministère de l'Instruction prend en charge l'équipement en informatique et nouvelles technologies qui peuvent être utiles à l'enfant et délègue un professeur spécialisé.

Comment se passe l'intégration des enfants ?

Bien. Le but n'est pas forcément que les enfants les plus handicapés apprennent à lire et à écrire mais qu'ils soient avec les autres.
L'intégration dans l'école a été utile à tous, camarades, parents d'élèves, enseignants. Tout le monde a vu un enfant handicapé à l'école, au cinéma, dans la rue, leur socialisation a été facilitée et leur intégration aussi.

En 1987, vous avez été sollicitée pour créer la direction du handicap qui dépend des Affaires sociales. Vous avez obtenu la mise en place d'une loi d'orientation inspirée de la loi française de 1975.
Qu'apporte cette loi ?


Nous y avons travaillé dès 1987 et la loi cadre, base de toutes les lois sur le handicap, est née en 1992. Elle prend en charge tout ce qui concerne la personne handicapée tout au long de la vie. On ne peut pas dissocier intégration des enfants handicapés et soutien aux parents. L'article 33 permet par exemple aux parents d'enfants handicapés de bénéficier de trois jours de congés payés par mois fractionnables comme ils le souhaitent. Ils sont également prioritaires à l'embauche dans les entreprises de proximité et n'ont pas le droit d'être licenciés. Depuis, la loi a encore évolué. Comme les soins envers les enfants handicapés sont très lourds, les parents bénéficient, depuis 2000, de deux ans de retraite anticipée. Ils peuvent fractionner ces deux ans s'ils le souhaitent en prenant par exemple 15 jours de congé s'ils sont fatigués.

Que peut-on dire aujourd'hui de l'intégration scolaire des enfants handicapés en Italie ?

Prenons l'exemple d'un jeune homme que je connais bien, Émile. Tétraplégique, il ne parle pas, ne tient pas sa tête, ne voit pas beaucoup, mange à la cuillère, mais il est complètement intégré dans le lycée. Pendant les heures de grec, latin ou philo, il écoute, au milieu de ses camarades qui le maternent. Il ne travaille pas
évidemment, mais il est entouré de chaleur humaine. Il ne faut pas voir l'école simplement comme un lieu d'apprentissage mais comme un lieu de socialisation. Il est au centre de l'attention.

Ne peut-on pas penser qu'il serait mieux dans un lieu spécifique où il progresserait dans ses apprentissages ?

Les parents peuvent choisir cette formule lorsque les enfants ont 16 ans. (En Italie, l'école est obligatoire jusqu'à 18 ans). Dans ce cas, l'adolescent est placé dans un centre d'éducation permanente où il reçoit des soins de rééducation, fait des activités. Mais les ados dans ces centres sont peu stimulés. Alors qu'Émile reçoit ses soins de rééducation à l'école et sort en récréation avec ses camarades. Il se dit très heureux au lycée et ne souhaite pas aller dans un centre spécialisé.

N'y a-t-il pas des enfants très lourdement handicapés que le milieu ordinaire peut perturber ?

Les enfants tétraplégiques, trisomiques, sourds, aveugles ou avec un handicap mental léger n'ont aucun problème. En revanche, il faut avouer que le problème existe avec certains enfants autistes. Certains sont bien intégrés avec un programme adapté à leur rythme, d'autre pas. Ils vont à l'école mais ne sont pas dans la classe avec les autres tout le temps. Ils ont un lieu et un programme individualisé établi par le médecin, le rééducateur, les parents et l'auxiliaire de  vie, mais il n'existe pas de classe différenciée.

Qu'attendez-vous de l'année européenne des personnes handicapées ?

On parle beaucoup de l'insertion professionnelle des personnes handicapées. C'est normal et c'est très bien. Malheureusement on ne parle pas du devenir des enfants lourdement handicapés, qui ne travailleront jamais, ni de leur tutelle juridique et patrimoniale. En effet ils ne peuvent pas avoir de représentants et leurs parents sont souvent trop fatigués pour le faire. Ces personnes voient leur espérance de vie augmenter et on assiste à leur vieillissement avec très peu de structures pour les accueillir. En Italie, 90 % des personnes handicapées vivent en famille. Certains jeunes handicapés vont à l'université, d'autres, comme les personnes trisomiques, peuvent bénéficier d'une formation professionnelle et travailler en milieu protégé ou ordinaire, mais les jeunes lourdement handicapés passent leur journée dans des foyers occupationnels. J'espère que durant cette année, on parlera de ces personnes-là et de leurs familles.

Propos recueillis par Katia Rouff

 
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Hors ligne Adeline

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L'Italie
« Réponse #10 le: 18 juillet 2005 à 12:33:06 »
 Merci Rainbow pour ce témoignage très intéressant, il a éclairci pas mal de choses pour moi, depuis que j'ai lu le mess de Sandy, je me posais pas mal de questions, on se demande toujours quelle est la bonne solution, mais cette question a tellement de réponses, selon chacun...à l'image du témoignage de Vanille dans un autre sujet, ce sujet conforte en moi l'idée que l'écoute des parents est indispensable et finalement assez peu entendue au jour d'aujourd'hui, car tout les spécialistes avec leurs vérités théoriques acquises pendant leurs études estiment souvent que seul leur discours vaut plus que les autres...Franchement, moi qui entame une formation en Septembre j'espère ne pas perdre de vue cette clé indispensable pour le bien être des enfants, et je pense que cela est valable autant dans le handicap que dans les inadaptés sociaux ou enfants maltraités...bref Merci...
deline

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L'Italie
« Réponse #11 le: 18 juillet 2005 à 12:52:11 »
 Adeline,

Je pense que tu serais interessée par le forum d'échanges  de Yahoogroupes

integration-scolaire@yahoogroupes.fr ,

il est actuellement assez peu actif, bien que ce soit de là que le texte de l'interview ait été copié ce matin. Il y a  cependant  tous les messages précédants que tu peux lire au choix des sujets qui t'accrochent.

Jean Charles Wiart, enseignant spécialisé qui en est le modérateur, publie aussi une lettre de l'AIS mensuelle par yahoogroupes qui donne beaucoup d'infos sur l'actualité du handicap des enfants et jeunes,  de leur intégration, sites, colloques, logiciels adaptés etc..

On en parle quelque part dans ce forum des AVS, mais je ne sais plus trop dans quelle rubrique.

Adresses e-mail du groupe
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Bonne continuation dans ce domaine de travail, avec ce coté attentif aux besoins des personnes. Super!  

Renée-Rainbow

 
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L'Italie
« Réponse #12 le: 22 juillet 2006 à 22:42:40 »
 merci pour ce témoignage, en effet, je crois aussi que la socialisation est importante, pourtant nos enfants handicapés plus que tout autre enfant  doivent démontrer encore plus leur intégration scolaire, ils doivent prouver deux fois plus qu'ils suivent la scolarité, je trouve que l'on est exigeant et peu encourageant (expérience perso) alors que ces enfants fournissent des efforts et sont d'un courage exemplaire, cette exigence peut sans doute leur servir pour plus tard, mais je déplore toujours autant qu'encore aujourd'hui ces enfants doivent subir le regard des autres car l'intégration qu'elle soit sociale ou scolaire, n'est toujours pas "ancrée" dans les mentalités, c'est donc aux politiques bien sûr et à nous tous de tout faire pour que l'handicap ne soit plus une différence, et cela commence dès l'école..