J'ai remis un témoignage que j'avais écrit ailleurs. C'est pas très joyeux mais aujourd'hui ça se passe beaucoup mieux pour moi seulement, c'est ça qui est "tut!!!!!!!!!!!". J'espère que ce genre de situation ne se reproduira pas. C'est pour ça que j'ai écrit ça, pas pour être négative et défaitiste.
Ce que je peux en dire c'est que j'ai travaillé auprès d'enfants qui ont des troubles autistiques et franchement leur intégration a été mal pensée puisque les dispositifs sont innovants, pas approfondis et donc mal définis. J'ai travaillé dans une clis du type: troubles mentaux, de 12 enfants. Ils avaient 7 à 11 ans. Tous très différents. Certains étaient très dyslexiques, un autre dysphasique, un autre mutique, un autre atteind de troubles autistiques, un autre hyper actif, .... C'était la foire aux ratés. Oui! Et si je pouvais le crier à la France entière je le ferais car c'est une honte de parler de Classe d'Intégration. Pour certains les troubles étaient de naissance, liés à une maladie ou un accident, mais pour la majorité les troubles étaient liés à des choques psychologiques, à des situations financières et sociales difficiles.
Evidemment comme vous pouvez vous en douter personne ne voulait prendre le poste d'enseignant dans cette classe. Alors on a demandé à la gentille enseignante qui avait trente ans d'expériences. On lui a fait des éloges sur ses pratiques pédagogiques pour l'encourager et pour la convaincre.
C'était mon premier poste, je savais que j'allais accompagner des enfants en situation de handicap comme ils disent. Mais quand on connait pas, on peut pas l'inventer, ni se l'imaginer. J'ai très vite observé beaucoup de tensions dans cette classe. La maîtresse menait à terme les journées mais elle m'exprimait son désarroi. Elle avait suisvi une formation d'un an pour être enseignante spé mais elle n'a pas eu le concours. De toutes façons elle m'a dit que ça ne suffisait pas pour travailler avec ces enfants. C'est sûre, enseigner pendant trente ans à des enfants ordinaires le bon programme scolaire où tout est dicté, y'a plus qu'à s'exécuter et enseigner à des enfants extraordinaires grâce à la pédagogie nouvelle des domaines de compétences qui lui permettent de s'épanouir et de se construire, ça N'A RIEN à VOIR!
De plus, sans que ça ne dérange personne, dans cette classe il y avait des enfants handicapés mentaux et des enfants en situation de handicap mental, de tous âges, 11 garçons, une fille! Je veux qu'on accepte l'hétérogénéité, mais là, psychologiquement parlant c'était plus que violent.
L'enseignante aimait ces enfants comme les ciens! Elle se devait de les sauver et on comprend pourquoi. Elle travaillait seule comme elle l'a fait pendant trente ans. L'école avait accepté la CLIS mais fallait pas trop l'intégrer, elle était trop différente. Même l'enseignante et moi l'AVS, on est devenu différentes. On est devenue extraordinaires. Tous les matins elle me disait venir à reculons alors que ça se passait pas si mal.
La maîtresse est partie en dépression comme l'année précédante où elle a eu la clis pour la première fois. Elle ne supportait plus rien, ni même mes interventions pour l'aider. Je restais au fond de la classe et de temps en temps j'allais faire des photocopies. Quand j'ai réagi pour le bien être des enfants car je pouvais les guider, les aider, elle ne pouvait pas supporter d'échouer là où une petite jeune sans expériences réussissait.
Alors pour la remplacer, on a fait appel à des "ZIL", des enseignantes qui viennent faire des remplacements sur une courte période. Elles ne savaient pas qu'il fallait venir dans une CLIS. Les enfants étaient attachés à leur maîtresse, ils avaient perdu leur repère, plus encore. Alors, quand la remplaçante arrivait, ils se transformaient et chacun au quintuple exprimait sa différence. On aurait dit c'est vrai, des hommes préhistoriques. Ils avaient confiance en moi, ils savaient que je ne les voyaient pas comme des fous, ils savaient qu'ils pouvaient compter sur moi, mais cette situation c'était trop pour eux. Les remplaçantes (sauf une sur 4) les voyaient effectivement comme ils ne voulaient justement pas être vu. L'une d'entre elle leur a même dit qu'il fallait la police dans cette classe parce qu'à cause d'eux leur maîtresse était tombée malade.
Le pire, c'est que les enfants subissaient les remarques et le regard des autres. Alors au sein même de la classe pour survivre les plus fort s'en sont pris aux plus faibles. Les enfants qui parvenaient à jouer le rôle d'élève ont été les bourreaux des enfants qui n'avaient pas les capacités de s'apparenter à des élèves avec les droits et les devoirs qui lui incombent. Ce ne sera pas une surprise si je vous écrit que la victime fut l'enfant autiste. Mais au final, ne l'oubliez pas, on a tous développé d'autres troubles et on a tous été victimes du système.
C'est encore douloureux pour moi d'en parler, surtout que j'ai voulu le dénoncer, j'ai voulu protéger les enfants alors on a fait peser la faute sur moi. On m'a reproché d'avoir pris le rôle de la maîtresse, de ne pas être restée à ma place de rien du tout, de petite AVS sans formation ni diplômes ni concours