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Messages - Cécile

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whouah toutes ces réponses ça fait plaisir  :sad2:  :-\

Comme d'hab trois qui rame le reste qui râle sans rien faire pppppppffffffffff  :argue:  :BangHead:

Allez un peu courage et de peps les filles et les gars réjoignez nous au sein de l'UNAISSE on a besoinde vous, on s'essoufle  :crybaby2:  :icon_tongue:

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ben chez nous on est tous hors la lois  :angry7: ou les accords sont tacites :P

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Remarque on est peut-être tous hors la loie  :o  :crybaby2:

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Ben ici en AED

J'ai une collégue mis temps psychologue une autre psychomot l'autre coach sportif et moi service à la personne ect....et sans dérogation donc..... que je sache on n'est pas titulaire on ne fait pas partie de la fonction public à part entiére

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pour le contrat précaire et les mis temps pas besoin d'autorisation

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oui c'est bon travaillerplus pour gagner moins
tu sera pas trop creuvé quand même si tu pend pas de congés ?

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non aucune autorisation manquerais plus que ça c'est le principe tant aimé d enotre cher président travailler plus pour gagner moins

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la réponse est oui tupeux cumuler c'est certains pleins d'AVS le font d'ailleurs vu nos qaliare les mis temps suffises pas à faire vivre nos familles

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Bon ben cette rencontre se fera donc sans AVS tanpis  :sad2: surement une belle occasion louper de se faire entendre dommage  ::)

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Avec plaisir  :hello:  ;)

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les références de l'article...


http://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2003-2-page-22.htm



La folie, selon Bonnafé, est donc cette protestation qu’il s’agit d’entendre, comme la poésie elle aussi en bute à la surdité de la raison réductrice. Mais la poésie est œuvre, ce que n’est pas la folie qui n’est que protestation, et si la poésie trouve des lieux pour circuler, la folie quant à elle ne chemine pas, elle ne fait pas le lien social car elle est réduite au nom qui a été donné à l’autre de la raison; sa vertu est aussi sa limite, ligotée qu’elle est à la sur- dité qui l’a constituée comme telle.
Si la folie est le nom que l’on peut donner à ce que la raison se refuse à accueillir, celui qui y est enfermé se voit-il réduit à être pur déchet de la rai- son, rebut de l’Autre ? Non pas, le fou comme être singulier requiert une réponse singulière, il réclame un pas- seur pour revenir dans la communauté des hommes dont il avait été exclu sous la bannière de la folie. Si la folie impose comme exigence politique d’être reconnue comme telle – c’est-à- dire comme cette limite historique- ment constituée à l’empire de notre raison occidentale ou comme signe de ce que rejette le discours de la science –, la folie comme expérience singulière impose l’exigence éthique d’une soli- darité en acte. C’est du moins à cet endroit que l’on peut situer le point rigoureux et original de la position bonnaféenne.

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 c'est pas moi qui le dit c'est lui
  ;)

Pierre Delion Conférence "De la complexité de l'autisme".Journée du 23 septembre 2008 à Blois

De l'énigmatique complexité de l'autisme à la nécessaire complexité de sa prise en charge :
vers une approche institutionnelle intégrée de la personne autiste

Conférence-débat du Professeur Pierre Delion
Pédopsychiatre, psychanalyste, professeur au CHRU de Lille.


Je trouve que le titre est très bien. A peu près tout y est : l'énigmatique complexité de l'autisme d'une part, l'énigmatique complexité de sa prise en charge d'autre part et une approche institutionnelle intégrée de la personne autiste enfin.
Voilà ce dont j'avais envie de discuter avec vous aujourd'hui.
Nous sommes aujourd'hui passés dans un moment de la réflexion sociétale qui a notablement évolué. On voit bien que ce qui vient d'être dit des expériences de Seuilly et de Bonneuil tient au fait que ces établissements ont été créés dans les années 1960 et la mouvance qui a suivi. Ces choses là à cette époque étaient tout à fait possibles. Si aujourd'hui Maud Manoni se présentait à la DDASS pour demander de créer Bonneuil maintenant, la réponse serait non. Avec certitude. Il y a un vrai problème aujourd'hui sur le plan de la conceptualisation générale en matière d'autisme.
Qu'est-ce que la question de l'autisme aujourd'hui? Et donc à partir de cette question, qu'est-ce que l'on peut faire avec les enfants autistes ? les ados autistes et les adultes autistes ?
Vous avez remarqué que l'on parle souvent des enfants autistes mais que l'on ne se soucie pas beaucoup de ce qu'ils deviennent après, à la puberté quand ils deviennent adolescents, quand ils sont adultes et qu'ensuite ils vieillissent. Le problème se pose de cette manière là sur un plan anthropologique, disons plus général. Une personne autiste qui a cinquante ans, où se trouve-t-elle en ce moment ? Lorsque l'on dit que la question est complexe, c'est pour le moins une marque de respect qu'on doit à ces personnes.
On ne peut pas prétendre penser aujourd'hui la question de l'autisme comme si c'était une question monolithique avec une réponse et une seule.
On entend aujourd'hui à la télévision, à la radio, des gens qui font ce que j'appelle de la réclame pour leur seule méthode en disant que toutes les autres sont nulles et qu'elles sont à dégager. Lorsque l'on parle de quelque chose qui concerne l'humain, on parle de choses complexes. La complexité est au cœur de l'humain. J'insiste sur le polymorphisme, l'hétérogénéité. Mon voisin, de gauche, Jean Oury a dit : l'hétérogène, c'est l'hétéroclite travaillé. Et c'est intéressant, si on utilise cette qualification là en matière d'autisme.
En 1943, Léo Kanner a décrit l'autisme à propos de 11 observations d'enfants présentant des signes cliniques stables : l'isolement (aloneness), c'est à dire l'impression qu'on a qu'ils "aiment" être seuls (attention "aimer" n'est pas à entendre au sens de la libido) et l'immutabilité (sameness), c'est à dire que les changements de repères les perturbent gravement et déclenchent des émergences anxieuses considérables. Kanner qualifie ce qu'on appelle le syndrome autistique. Aujourd'hui avec les coordonnées nouvelles du DSM IV, bientôt revisité sous la forme du DSM V, on parle de troubles des interactions sociales, de troubles de la communication, des troubles du comportement stéréotypé.
La description de Kanner était très juste. Il n'y a pas de critiques portées sur sa description de l'époque. Il a décrit des enfants qui présentaient des signes relativement stables dans la catégorie des enfants qu'il avait décrite, ce que l'on appelle aujourd'hui le syndrome de Kanner. Cela explique sans doute beaucoup de choses qui se passent de nos jours autour de l'autisme et qui n'ont rien à voir avec un débat médical, médico-social, anthropologique ou même scientifique. Cela a à voir avec des idéologies qui prennent en otage des groupes de personnes, qui les font s'agiter et se taper les uns sur les autres, en perdant une énergie considérable qui ne donne absolument rien du tout pour l'enfant autiste.
Cette description de l'autisme, faite par Léo Kanner en 1943, concerne un syndrome autistique qui par ailleurs est extrêmement hétéroclite. Mais l'hétéroclite, si on le travaille, ça peut devenir de l'hétérogène.
Et pour nous amener à réfléchir ensemble sur cette question de l'hétérogène en matière d'autisme, je demanderai, à vous professionnels qui êtes là, de laisser tomber les passions fiévreuses qui nous agitent le samedi soir lorsque nous nous mettons à avoir des débats en ville sur l'autisme, à vous parents qui êtes là, je demanderai de laisser tomber vos passions de personnes qui sont dans une souffrance souvent très importante, et pas toujours prise en compte par certains qui se considéraient psychanalystes mais faisant comme le disait Tosquelles de la "psychanalysette". J'y reviendrai. Et je souhaite une fois tomber les passions inutiles vous amener à réfléchir ensemble sur l'hétérogénéité en matière d'autisme.
Aujourd'hui les classifications dites internationales sont décrites comme étant les vrais références scientifiques, les références dures sur lesquelles on peut s'appuyer pour parler sérieusement de l'autisme.
Quand Roger Misès, un homme hyper intelligent et courageux sur le plan politique, a publié sa classification française des troubles de l'enfant et de l'adolescent dès les années 1970, il avait pris la précaution de mettre dans le chapitre général des psychoses infantiles, un chapitre en disant le premier chapitre de la psychose infantile, c'est l'autisme infantile. On le lui a reproché. On lui a reproché de parler de psychose, parce qu'en disant psychose, c'était prendre parti pour la psychiatrie, alors qu'en disant autisme, on se place du côté des neurologues et ça c'est sérieux !
C'est très important d'avoir cela en arrière plan de penser. Cela gouverne aujourd'hui toute une idéologie qui se fait progressivement les choux gras sur les parents, les enfants et sur les équipes soignantes et qui les fait s'empailler sur des questions totalement inutiles.
Il y a une traduction de la classification française de Misès dans la classification internationale qui permet de sortir totalement de ce débat ridicule qui consiste à dire que puisqu'il s'agit de la classification française, elle est donc nulle par principe. Mais qu'est-ce que c'est que ce degré 0 de la pensée !
Ce chapitre de Roger Misès sur l'autisme infantile, est très important pour comprendre l'ensemble de la pathologie des enfants. Dans les possibilités qu'il a données de traduction, Misès a retenu "autisme infantile", et je trouve que c'est très bien. Cela s'appelle donc comme ça, comme le premier chapitre de Roger Misès : l'autisme infantile.
Il faut se rendre compte aujourd'hui, qu'on envoie tous ceux qui ont un diagnostic de psychose vers une espèce de chasse gardée, comme une réserve indienne, et on décrit pour protéger la virginité de l'autisme la catégorie des psychoses comme celle des autres, ceux dont on ne veut pas entendre parler. Les mots qu'on utilise ont beaucoup d'importance.
L'autisme rassemble des catégories diagnostiques qui sont hétérogènes. Pourquoi hétérogènes ? Parce que le syndrome autistique, tel que décrit par Kanner, peut être porté par des pathologies qui peuvent être radicalement différentes.
Dans le DMS IV, on parle, dans les troubles envahissants du développement, nouvelle appellation des syndromes autistiques, d'une pathologie qui s'appelle le syndrome de Rett.
C'est une maladie génétiquement déterminée mise en évidence par Andéas Rett, neuro-pédiatre à Vienne en 1964-65. Rett a décrit un enfant, une petite fille en général, qui va se présenter comme étant un enfant autiste pendant une courte période, disons de 6 à 18 mois environ. Dans cette période là, il présente tous les signes que présente un enfant autiste habituellement. Mais indépendamment de ces signes que l'enfant présente, on constate aussi subitement une cassure dans la courbe évolutive du périmètre crânien marquant sans doute, dit Rett, une involution de son tissu cérébral. Et on constate aussi l'apparition d'autres troubles moteurs, développementaux en général et autres.
Est-ce que sous prétexte que cet enfant présente des signes autistiques entre 6 mois et 3 ans au sens large, on peut dire qu'il s'agit dans cet exemple de la même chose que le syndrome d'autisme décrit par Kanner c'est à dire un autisme dans lequel on ne retrouve rien d'autres que les signes décrits ?
On comprend là que la même voie va se retrouver occupée par des personnes qui viennent de voies très différentes. Deuxième exemple, le syndrome d'Asperger. Dans le syndrome d'Asperger, dit encore autisme de haut niveau, (au cinéma il y a eu le personnage de Rain Man, ou le film Snowcake, l'histoire d'une femme jouée par Sigourney Weawer, qui a un syndrome d'Asperger), tout ce passe comme si dans leur développement ces personnes passaient par des moments où elles présentent des signes décrits par Kanner pour le syndrome autistique, mais à côté de ces signes-là, elles présentent des particularités que l'on ne retrouve pas chez les enfants autistes décrits par Kanner : d'une part un développement psychomoteur tout à fait perturbé avec une maladresse et une gaucherie tout à fait notables et d'autre part des troubles du langage tout à fait particuliers. Ces personnes sont capables de parler d'une façon quasiment parfaite, et en même temps on a l'impression lorsqu'elles parlent, qu'il y a quelque chose d'autre que l'utilisation habituelle du langage qui est faite par eux. Comme si au fond la fonction d'échange affectif qu'en général le langage permet (partage des émotions, des connaissances, des savoirs..) restait détachable du développement affectif. Le langage est investi à la manière davantage d'un objet sonore, lyophilisé si on considère que l'eau est le tissu affectif qui englobe le langage en question.
A la dernière réunion de Sacramento, la question a été posée : faut-il laisser le syndrome de Rett ou le syndrome d'Asperger dans l'autisme ? Il pourrait être logique de les séparer, à condition bien sûr de ne pas les laisser tomber. Il est donc indispensable en matière d'autisme de faire un effort situé au niveau diagnostic pour préciser de quelle personne autiste l'on parle. Sinon, on risque de parler de choses tellement différentes que l'on reste dans une collection de sujets hétéroclites. Mais si on travaille plus profondément, alors on peut voir apparaître une catégorie de sujets hétérogènes.
Sur le plan de la politique du soin en général, qui nous guide, professionnels soignants, la démarche qui s'impose est celle de poser un diagnostic. Je sais qu'en disant ça, je ne fais pas du tout plaisir aux psychanalystes de base. Cela semble être contradictoire avec accueillir quelqu'un et engager une relation transférentielle avec lui. A mes yeux, il n'en est rien. La démarche diagnostique est déjà les prémices de cette relation transférentielle. J'assume cette position là. Du point de vue de l'étymologie, le diagnostic, c'est faire connaissance avec quelqu'un en avançant avec lui dans le temps et dans l'espace. Quelle autre meilleure définition de la relation transférentielle peut-on trouver ? La démarche diagnostique approfondie permet d'aller vers une meilleure connaissance de tous les aspects qui vont concerner l' être au monde de l'enfant.
Pour ce petit enfant autiste que je vois à la consultation, et qui présente des ruptures de contact avec la réalité et dont le médecin, qui me l'adresse, a déjà compris qu'il s'agit d'une problématique autistique, si je ne prends pas la précaution de me pencher sur la question de son éventuelle épilepsie, de la répétition de ses absences quelques fois 30 fois par jour dans l'interaction, loin d'empêcher une relation, je me prive d'une intervention thérapeutique utile pour la suite de la prise en charge. La démarche diagnostique est nécessaire et incontournable.
Dans le contexte actuel, on trouve deux cas de figures. Le premier cas de figure, c'est l'enfant qui présente des difficultés symptomatiques importantes, avec des parents qui assument la fonction parentale d'étayage maximal. Ces difficultés ne vont donc pas se montrer, en fait, de façon massive. Et cet enfant peut arriver jusqu'à 2-3 ans avec ces difficultés importantes en rapport avec une problématique autistique. Et quand il arrive en première intention chez le pédopsychiatre, ce dernier peut être amené à poser un diagnostic d'autisme et donc à proposer des soins rapidement pour l'enfant.
Mais du fait du développement des Centres Ressources Autisme installés à la suite de la circulaire du ministre Philippe Douste-Blazy, _ j'ai notamment la charge de celui de la région Nord-Pas de Calais, nous allons _ c’est comme ça que nous travaillons, nous allons donc d'abord recevoir l'enfant et les parents en prenant contact avec le pédopsychiatre de secteur qui les a vus en première intention. En travaillant à partir de ce travail de secteur en première intention, nous apportons des compléments diagnostiques pour aider le travail qui va se faire au niveau du secteur pour cet enfant là.
Mais cela dépend de qui habite la maison Ressources Autisme. Tous les centres ne travaillent pas de la même façon. Certains délivrent "LE" diagnostic du Centre Ressource Autisme, sous entendu que les autres ne sont pas valides.
Ainsi suivant les personnes rencontrées, l'enfant et ses parents peuvent se trouver dans une situation où ils peuvent continuer le travail déjà entrepris dans le secteur, ou au contraire ils peuvent se trouver dans une situation où il y a un désaccord de base entre les deux équipes. Et eux, ils se trouvent en difficulté pris entre les deux !
Le diagnostic du Centre de Ressources aide à mieux connaître l'enfant pendant le temps du bilan mais aussi après, au cours de la prise en charge. Ces dernières années, les professionnels des équipes de soins se sont progressivement intéressés à ce qu'on appelle maintenant les signes précoces de l'autisme. Les signes précoces de l'autisme sont devenus un chapitre très important de la pédopsychiatrie en partage avec les collègues qui accueillent les petits enfants : directrices de crèches, puéricultrices, médecins généralistes, pédiatres etc...Chacun à leur niveau peuvent être amenés à rencontrer cet enfant et à se poser des questions sur les signes qui apparaissent très tôt dans l'existence et qui manifestent que peut-être une évolution vers l'autisme pourrait se faire ultérieurement. Aujourd'hui le diagnostic d'autisme se pose vers 30 mois. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de signes précurseurs avant dont il ne faudrait pas tenir compte dans une démarche préventive.
Il est très important que les enfants qui présentent des signes précurseurs soient reçus d'une façon accueillante par des personnes qui peuvent mettre en place assez vite des prises en charge pertinentes.
Se dessine ainsi progressivement une sorte de cadre dans lequel les parents sont des interlocuteurs primordiaux. Ils sont en contact avec l'enfant dont le développement peut devenir problématique et c'est eux qui vont, à tour de rôle, successivement, ensemble, rencontrer des personnes à qui ils vont poser des questions et demander des réponses aux signes qui les inquiètent.
Il y a lieu de tenir compte du degré d'inquiétude des parents de la façon la plus précise. Ils ne doivent pas trouver auprès de nous des réponses dilatoires.
Ce n'est pas pareil du tout de dire à un parent, devant son enfant de 9 mois qui présente des signes qui peuvent aller vers un diagnostic d'autisme précoce : "ne vous inquiétez pas, ça va passer en grandissant", "je n'ai pas le droit de poser un diagnostic avant 30 mois, donc je ne pose pas de diagnostic" ou bien de leur dire "ces signes là comme vous m'inquiètent et nous allons essayer de voir ensemble comment prendre en charge votre enfant pour que les signes qui vous inquiètent puissent être travaillés et les aider à s'amender s'ils peuvent s'amender, ou à se modifier et se réorganiser" si tel est le cas dans l'histoire de cet enfant. En fonction de la manière dont on va répondre à leurs inquiétudes, les parents se trouvent dans une atmosphère dans laquelle ils sentent que l'on cherche ensemble des réponses à leurs interrogations.
Dans d'autres circonstances, les parents rencontrent une autre trajectoire, celle où l'on se retranche derrière la science pure et dure (cariotype, électroencéphalogramme...) ou derrière des méthodes qui prêchent exclusivement pour leur propre paroisse tel type de réponse et rien d'autre. Ils sont pris en otages. C'est très difficile pour les parents de s'y retrouver et de naviguer à vue en fonction de ce qu'ils rencontrent dans leur trajectoire.
Il me semble intéressant de changer de niveau de discussion aujourd'hui.
A une époque où, certaines équipes de formation psychanalytique justement ont mis en place des systèmes dans lesquels la psychopathologie est vraiment la théorie de base qui sert à penser la question de l'autisme d'une part, d'autre part des équipes qui ont mené des recherches classiques dans ce qu'on appelle les sciences dures, et enfin d'autres encore qui ont fait des recherches dans le cadre de la psychologie du développement, il est possible de trouver dans ces 3 sphères (psychopathologie, sciences fondamentales, psychologie du développement) des éléments pour construire un programme intéressant intégrant les différentes dimensions en question, non pas d'une façon tous pareils sur un plan d'égalité, mais articulées avec l'histoire de l'enfant.
Je crois qu'aujourd'hui il est très important de dépasser les clivages qui font que ces domaines sont quasi en guerre avec des visées d'extermination des autres, à visée de suppression de la pensée de l'autre.
Je pense que nous avons les moyens de procéder non pas à un œcuménisme béat mais à une polyphonie intéressante pour l'objet en question. Et l'objet en question, c'est la mise au point d'un dispositif dans lequel on peut intégrer des différentes approches en fonction de ce que présente l'enfant
Développons ce que je viens de dire sur le plan général.
Le petit enfant présente des signes précurseurs de l'autisme. Quand une maman vient dire au
généraliste ou au pédiatre : "mon enfant, j'en ai déjà eu deux autres avant lui, il est trop sage, lui c'est pas pareil, son tonus n'est pas en relation avec moi", arrêtez de lui dire que "ça va passer en grandissant" et quand la maman revient un an plus tard en disant qu'il ne vocalise pas, qu'il ne gazouille pas, qu'il ne fait pas de syllabes, il faut arrêter de lui répéter encore que cela va s'arranger en grandissant. Je vous en prie. Ne dites plus ça maintenant ! Dans nos expériences de vieux routard de l'autisme, c'est toujours la maman qui avait raison. Il faut effectivement s'inquiéter de ce qui se passe pour ce bébé. Combien de parents racontent qu'ils ont parlé très tôt de ce qui les inquiétait à des spécialistes et qu'ils ont été renvoyés dans les cordes. Ensuite pour revenir sur la bifurcation que peut prendre un enfant vers 6 mois, pour revenir en arrière et proposer quelques temps plus tard une démarche psychothérapique, c'est très difficile, voire quasiment impossible.
Il faut proposer un dispositif dans lequel on va prudemment montrer que pour une part nous avons quand-même compris les leçons freudiennes de la castration symbolique : nous ne sommes pas en position de médecin à répondre : "je m'occupe de tout, ne vous inquiétez plus".
Nous sommes amenés à proposer un bilan, non pas au sens neuro-développemental mais au sens de diagnostic, de la connaissance de ce bébé avec ses parents dans leurs échanges interactifs. En quoi consiste le bilan ? Il consiste à être là dans les échanges interactifs entre les parents et leur bébé, sur le mode de l'observation du nourrisson d'Esther Bick. Et qu'est-ce qui se passe là ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire ces parents et ce bébé dans leurs échanges interactifs en notre présence ? Ils mettent au point un système qui permet de faire avec ces angoisses très particulières que sont les angoisses archaïques de leur enfant. Ils mettent au point un système de défense que le bébé ne peut pas mettre en place tout seul, et dans lequel les parents jouent un rôle actif. Si on ne prend pas ce qu'ils font en considération, les angoisses archaïques vont se floculer, se cristalliser et entrainer chez les parents, en réaction, des systèmes de défense qui vont suivre le même état que celui du bébé. Cela va se fixer et devenir un nœud très serré qu'il sera très difficile de dénouer ultérieurement. C'est pour cela qu'il faut prendre ces interactions lorsque c'est encore vivant, que c'est encore en train de se théâtraliser, de se jouer en interaction entre les parents et leur bébé.

Si on propose uniquement un travail psychothérapique aux parents, vu le poids de ce qui circule au sujet de la psychothérapie sur les médias, c'est comme si on proposait un acte manqué qui conduit à un arrêt du traitement psychothérapique. Cette attitude a entrainé un rejet actif, massif de la planète psychothérapique. Et c'est très dommageable en matière d'autisme. Il faut proposer aux parents les autres aspects des prises en charge essentiels à mes yeux, l'aspect éducatif et l'aspect pédagogique dans l'interaction avec les parents, c'est à dire essayer de construire la fonction parentale avec cet enfant pour aider les parents à entrer en contact avec le bébé. Pour les aider à ne pas entrer dans la spirale des désespoirs et les aider à mettre au point, avec eux, des stratégies parentales pour entrer en contact avec leur enfant.
Entre parenthèse, avec Bernard Golse et Serge Tisseron, nous avons lancé une pétition contre la télé pour les bébés avant 3 ans présentée officiellement comme soit disant pédagogique, pour lui apprendre la vie avant ! Sous entendu avant les autres ! Il n'y a pas de pédagogie par la télé ! Cela n'existe pas ! La télé, c'est l'équivalent de la camisole chimique, avec des médicaments plus tard. Quand je dis de l'éducatif pour l'enfant autiste, je dis essayer de comprendre la fonction parentale dans l'interaction en tenant compte des particularités de ce bébé pour pouvoir entrer en contact avec lui.
Mettez-vous à la place d'une maman ou d'un papa qui prend son bébé dans les bras, qui trouve qu'il a à peu près le tonus d'un sac de sable ou d'une enveloppe d'eau, que son bébé ne peut pas faire d'ajustement postural avec son parent quand il le prend dans ses bras, et qu'au moment où il pense qu'il va pouvoir échanger par le regard avec son bébé, celui-ci regarde dans ses yeux mais le parent a l'impression que le regard du bébé lui passe au travers.
Mettez-vous dans la peau de ce parent qui vit ça, et essayez de réfléchir à comment on pourrait ensemble faire pour que la fonction parentale puisse être retrouvée et que le parent ne s'engage pas dans une spirale de type désespoir, puisqu'à chaque fois qu'il regarde son bébé, il constate que celui-ci regarde ailleurs ou regarde au travers de lui. Il va falloir soutenir très fort le parent pour qu'il continue à tenir bon sur le tonus, lui en tant que parent, et mettre au point des stratégies qui seront ses intuitions parentales, aidé par les soignants pour pouvoir quand-même entrer en contact avec son enfant. Et que si cela ne marche pas suffisamment par le regard, peut-être que cela peut marcher par la chanson etc...Réfléchir ensemble à la carte, à l'ethnologie qu'il faut débroussailler pour rentrer en contact avec ce bébé là.
Chez les petits, la fonction éducative est assumée par les parents, pas par des éducateurs spécialisés qui interviendront plus tard dans le développement de l'enfant. Cependant si des éducateurs formés peuvent aller aider des parents qui le demandent, si cette fonction éducative de soutènement du parent est corrélée avec des consultations de pédo-psychiatre qui se soucie profondément de l'état psychique des parents, qui essaie de travailler avec eux sur cette question là, ces parents vont se sentir aider et ils vont aller dans ce sens là à développer leurs relations avec leur enfant.
Au fur et à mesure que l'enfant se développe, il va arriver le moment où il peut aller à l'école et la question pédagogique viendra à se poser. Depuis la loi d'intégration scolaire, la loi sur les enfants handicapés à l'école, _il s'agit d'empêcher la désintégration, les enfants sont inscrits à l'école et beaucoup de parents prennent cette scolarité très au sérieux. Il va falloir là-aussi trouver une solution pédagogique acceptable en travaillant avec l'enfant, les parents, l'instituteur etc...pour trouver une solution pédagogiquement acceptable.
On voit bien que l'on en arrive à une sorte de triade : la fonction parentale toujours et ses prolongements du côté de la fonction éducative, la fonction pédagogique si possible et la fonction thérapeutique si nécessaire.
Avec cette triade dans la tête, on peut aisément s'engager dans une prise en charge intégrée entre les différentes dimensions dont j'ai parlé rapidement.
Je vais préférentiellement approfondir la question de la fonction du soin, parce que l'éducatif et la pédagogie ne sont pas directement mon champ d'intervention. Et aussi pour montrer que contrairement à ce que les détracteurs de la psychanalyse pensent, certains psychanalystes l'ont bien cherché ! Il y a des parents qui sont très en colère avec la psychanalyse. Jean Vautrin, par exemple, est un parent en colère. Il a écrit un livre "La vie ripolin". Il a un enfant autiste. Il raconte qu'il a accompagné son enfant autiste chez le psychanalyste plusieurs fois par semaine, que son enfant sortait au bout de 3 minutes. Alors au bout d'un certain temps Vautrin a dit : qu'est-ce qui se passe ?
Si les gens qui sont psychanalystes n'ont pas compris encore qu'il ne faut pas prendre un enfant autiste en cure type comme Freud à Vienne prenait en 1910 les hystériques bourgeoises, eh bien il est préférable qu'ils changent de métier.
Il faut qu'on invente autre chose pour la psychose et pour l'autisme. Non seulement ça ne marche pas et ces derniers temps ça met en colère les parents, mais pas en colère contre tel ou tel psychanalyste mais contre la psychanalyse elle-même et cela vient du même coup extraordinairement compliquer le travail de ceux qui s'appuient sur la psychanalyse. Il faut être très sérieux avec ça. Quand on prétend réfléchir avec l'aide des concepts psychanalytiques, il faut faire cet effort et pour moi ce n'est pas difficile, parce que j'ai pris appui sur Jean Oury qui lorsqu'il a commencé à s'occuper des psychotiques, a compris que ce n'était pas 5 séances sur son divan en ville, il a construit la Borde. Pour l'autisme nous sommes dans la même problématique, il faut réfléchir en tant que psychopathologue _ j'élargis à la sémiotique, au neuro-développement, au psycho-développement, pour proposer une surface de soins qui ne soit pas un gadget inutile dans lequel les parents, les enfants et les soignants aussi perdent leur temps.
Pour cela il faut réfléchir à la fonction d'une institution, je pèse mes mots, en matière de prise en charge psychothérapique d'un enfant autiste et essayer de développer cette politique là pour qu'elle soit avec une cohérence minimale.

De quoi souffrent les enfants autistes ? Je pense qu'un certain nombre de psychanalystes justement qui prenaient cela très au sérieux ont mis en évidence que ces enfants souffraient de ce qu'ils ont appelé à l'époque "agonies primitives, angoisses archaïques". Ce sont pour l'enfant des manières de dire, de crier à son entourage même dans le désert autistique qu'il se passe quelque chose qui cloche dans l'environnement et qui lui déclenche des angoisses dont il ne peut rien faire dans un premier temps. Ces angoisses autistiques sont très différentes des angoisses névrotiques devant un problème à résoudre ou une organisation à mettre en place.
Ce sont des angoisses du début de la vie. Le bébé met en place grâce à ses compétences qu'il a à sa disposition au moment de la naissance, et celles développées un peu avant, 3 mois avant à peu près, un système qui lui permet déjà d'être dans du différentiel. Il vient de passer 9 mois dans le ventre de sa mère où il entend la voix de sa mère par voie liquidienne, transmission directe et transmission aérienne qui revient faire un petit tour à travers l'utérus et le placenta. Il va inscrire en lui quelque chose qui est une inscription, qui est la voix de sa mère : quand il va naître, il la reconnait entre toutes sans jamais se tromper. Cela se préparait avant, et quand cela arrive cela déclenche quelque chose qui est : ah, je la connais celle-là ! Peut-être que ce bébé-là est moins anxieux que celui qui n'entend plus la voix de sa mère : mais où est-elle dans ce paysage cette voix que je connais ?
Autre exemple encore beaucoup plus parlant, celui de la pesanteur : dans le ventre maternel, le bébé ne connait pas vraiment la pesanteur, il est contenu dans du liquide amniotique. Pour le bébé, c'est inscrit. Il a en quelque sorte enregistré son poids comme un poids dans l'eau et en plus contraint dans l'utérus maternel, comme notre poids lorsque nous sommes dans l'eau de la baignoire. Dès l'instant où il va naître, il rencontre une sensation de pesanteur qui va s'appliquer à lui de façon très importante. Souvent d'ailleurs, au moment de la naissance de nos bébés, nous parents, nous sommes tous en train de nous dire pourvu que la sage-femme ne le lâche pas ! Ce sont les réminiscences de nos propres perceptions. Voilà un paradigme d'angoisses archaïques.
Chez un bébé qui se développe habituellement, pour lequel il n'y a manifestement pas de difficultés particulières dans l'interaction, pour lequel il n'y a manifestement pas de prédisposition de type génético-neuro-comportemental qui vont amplifier ses angoisses, le bébé va trouver dans son environnement de quoi lutter contre ses angoisses archaïques. Quelques années plus tard, ces angoisses archaïques ne surviendront dans sa vie que d'une façon anecdotique.

Mais il y a des personnes chez qui ces angoisses restent le système prévalent de fonctionnement de la vie psychique. Ces personnes, ce sont les enfants autistes et les personnes psychotiques. Et d'une façon différente pour les deux.
Il y a quelque chose qui va entraîner chez l'enfant autiste un cercle vicieux rapidement efficace dans le négatif. L'angoisse ne trouvant pas de réponse suffisamment adéquate pour la dépasser, va rester sous la forme d'angoisse, et de ce fait finir par épuiser tous ceux qui, autour, tentent de trouver des réponses aux angoisses de l'enfant. Les parents, qui habituellement ne viennent pas voir le pédopsychiatre pour les angoisses névrotiques de leur enfant, viennent voir le pédopsychiatre pour des angoisses qu'ils n'arrivent pas à réguler eux-même. Il faut prendre la mesure de ce que ces angoisses archaïques viennent signifier chez cet enfant-là.
Cela a une première conséquence très importante sur ce que je demandais tout à l'heure comme qualité de l'accueil de ces parents. Il faut avoir dans la tête qu'ils sont dans des problématiques d'angoisses archaïques qui ne sont pas tout à fait les mêmes que celles d'un enfant qui ne dort pas bien ou qui a des difficultés à l'école. Il s'agit de quelque chose de beaucoup plus basale, plus fondamentale. Il faut donc répondre d'une façon beaucoup plus phorique à ces problématiques particulières.
Deuxième conséquence très importante : l'enfant lui-même va avoir beaucoup de mal à mettre en place des systèmes qui lui permettent d'intérioriser des défenses contre ses angoisses archaïques. Si bien que l'enfant va trouver des moyens qui sont utiles pour que son écosystème personnel trouve un équilibre relatif dans le malheur et que l'on appelle des défenses pathologiques.
Un enfant qui a, en permanence dans son existence, l'impression qu'il tombe dans un puits sans fond, _ c'est un fantasme qui reste chez certains d'entre nous, la nuit, de tomber dans un puits sans fond, cela arrive de temps en temps. La seule solution pour que ça s'arrête, c'est le réveil. On est en sueur et l'on se dit : ouf ! c'était un cauchemar.
Mais l'enfant autiste, lui, ne se réveille pas. Le cauchemar, c'est sa vie éveillée. Donc il tombe dans ce puits sans fond, Winnicott appelle ça joliment ne pas cesser de tomber. Contre cette angoisse-là,
il va trouver des mécanismes de défense qui sont en appui sur le développement normal du bébé.
Un exemple : dans le développement normal du petit bébé, dans le premier trimestre de sa vie, le bébé a à sa disposition par voie neurologique des réflexes archaïques.
Vous avez tous remarqué que lorsque vous passez, à portée de main, le doigt dans la main d'un bébé, il a le réflexe archaïque de fermer spontanément par voie réflexe la main sur votre doigt.
Ce réflexe archaïque du grasping est programmé génétiquement. Puis au bout d'un certain temps de myélinisation vers 3-4 mois, cela va finir par disparaître et dans le deuxième semestre de la vie, cela est beaucoup moins présent..
L'enfant autiste qui, depuis le début de sa vie, vit ces angoisses de ne pas cesser de tomber sans trouver les réponses qui lui permettent de s'en sortir avec les méthodes classiques, va investir probablement ce réflexe archaïque de telle sorte que la seule solution pour ne pas tomber, c'est de continuer de s'agripper, continuer à faire du grasping, non plus d'une façon réflexe mais d'une façon progressivement investie par sa libido et qui va redoubler le développement des mécanismes de préhension d'abord et progressivement de motricité plus générale
Dans cet exemple très caricaturé, très concentré, _ je pourrais en parler des heures, le mécanisme de défense trouvé par l'enfant est ce qu'on appelle l'agrippement pathologique.
A ce point-là, je présente souvent l'exemple suivant d'un enfant que je vois habituellement à l'atelier conte. J'arrive à l'hôpital de jour à une heure où il ne s'y attend pas. Sameness se manifeste et il me dit _ enfin il ne me le dit pas justement : "tiens, t'arrives pas à l'heure habituelle, je suis déboussolé, j'avais réussi à mettre à distance mes angoisses archaïques et voilà que, parce que je suis bousculé dans mes habitudes, elles reviennent mes angoisses archaïques et je tombe et je m'accroche au type qui passe par là. C'est moi ! Mon cou s'offre à sa prise comme un piton pour l'alpiniste quand il sent que tous les autres pitons se dérobent c'est à dire d'une manière très vitale pour lui.
Je lui dis : attends tu me fais mal ! au lieu de dire bonjour, _ je suis mal élevé et j'essaie de retirer sa main de mon cou. Et plus j'essaie de retirer sa main de mon cou, plus il s'accroche. Et je me rappelle que dans l'atelier conte, on chante à la fin du conte une comptine : promenons-nous dans les bois... et comme c'est une expérience partagée avec lui, je lui chante ça et plutôt que retirer ses mains de mon cou, je mets mes mains derrière son dos et je commence un petit bercement comme ça et je chantonne : promenons-nous dans les bois pendant que le loup y est pas...
Sans doute pour lui, cela lui rappelle les expériences partagées de l'atelier conte, et d'un seul coup, il lâche sa main et se remet à ce qu'il était en train de faire auparavant.
Cet exemple est pour moi très intéressant parce qu'il montre que l'enfant bousculé dans ses rituels voit ré-émerger en lui l'angoisse archaïque de base, je tombe, et comme je tombe, j'utilise la défense pathologique contre tomber et je m'agrippe à ce qui passe par là. J'essaie de retirer l'agrippement _ par voie un peu réflexe de ma part et ça ne marche pas. Je trouve une solution d'expérience partagée et quelque chose s'ouvre de lui et laisse tomber cette défense pathologique.

L'idée générale, c'est d'essayer de prendre conscience qu'il y a des angoisses archaïques particulières contre lesquelles les enfants ont mis en place des systèmes de défenses particuliers, adaptés à leur pathologie, les défenses pathologiques, basés sur le fonctionnement normal d'un enfant et que l'on appelle dans le cas du développement normal, les identifications adhésives. C'est aussi essayer de prendre conscience que ces systèmes là sont des caractéristiques du développement autistique. Et si on n'y prête pas attention, rapidement l'enfant s'environne de mécanismes de défenses pathologiques contre ses angoisses archaïques.
On constate _c'est un des cercles vicieux découverts par Mélanie Klein, que les défenses pathologiques dans le développement de l'enfant deviennent des mécanismes pathogènes : et c'est ce qui conduit l'enfant lorsqu'il aura épuisé tous les systèmes possibles d'agrippement pathologique vers un agrippement à une sensation encore plus archaïques qui est l'automutilation. Un enfant qui s'automutile pendant des semaines, des mois, quelques fois des années, comment comprendre ça autrement _indépendamment d'une hypothèse endorphinique, je n'ai rien contre, donc indépendamment de cette hypothèse d'addiction intra-cérébrale, comment comprendre ça autrement que venant dire : "j'essaie de trouver une système dans lequel ce que je me fais moi-même sur la réalité est moins pire que ce que je subis de la réalité quand je ne fais rien". L'automutilation devient nécessaire pour cet enfant. Quelque fois on voit l'os qui apparait comme réponse de l'enfant à ces angoisses archaïques épouvantables.
Devant de telles problématiques, quand on propose une prise en charge en soins, il faut réfléchir à l'ensemble de cette problématique de l'image du corps qui est une grille de lecture tout à fait importante pour comprendre ce qui est en train de se passer chez ces enfants là.
Dans la psychose, les travaux de Gisela Pankow donnent des éléments formidables pour comprendre dans ses deux lois structuration dynamique de l'image du corps comment ça fonctionne, et comment dans le transfert on va pouvoir re-susciter, à partir de ces productions faites dans la séance, quelque chose qui serait non pas une projection fantasmatique du patient mais au contraire une co-construction dans l'expérience partagée à partir de laquelle on va pouvoir développer des fragments d'histoire ensemble, ce que Pankow appelle des greffes de transfert.
Dans la psychose schizophrénique, on est dans un monde à deux dimensions avec très souvent une troisième dimension, la dimension de la projection qui est là présente en arrière plan. Dans l'autisme on est dans un monde à 2, voire 1 dimension. C'est un monde de surfaces qui s'entrechoquent.
C'est très difficile d'envisager déjà tout le travail considérable d'élaboration fait par Pankow avec les schizophrènes. Il va falloir se tirer en deçà de tout ce travail pour aller vers quelque chose que je vous propose, parce que c'est pour moi très important comme référence. Je vous propose une autre grille de lecture de l'image du corps. Je vous propose la grille de lecture de Geneviève Haag et de ses collaboratrices mises au point à la suite d'une trentaine d'années d'expériences de psychothérapie avec des enfants autistes et présentée dans un article fondateur : "Grille de repérage clinique de l'évolution de l'autisme infantile traité par psychothérapie".
Dans cet article, vous trouverez la manière dont Geneviève Haag nous propose de lire ce qui se passe dans l'image du corps de l'enfant autiste pour pouvoir en extraire un certain nombre de choses à comprendre et à partager avec l'enfant et ses parents dans le transfert, mais aussi en extraire des conséquences sur le plan de la pensée institutionnelle de l'accueil des enfants autistes qui sont tout à fait intéressantes.
Je me propose de vous faire un petit résumé.
La grille de repérage en question présente les choses de façon chronologique. A mon avis, sur le plan de la clinique et de la prise en charge, il n'en est rien. C'est une présentation structurale de la grille qui permet de comprendre les successions logiques qu'il peut y avoir si on envisage la perspective de la prise en charge psychothérapique de l'enfant dans la durée. Il ne s'agit pas de franchir des stades comme les stades du développement libidinal de Freud. On sait bien que ces histoires là continuent quand même toujours de se développer, tout au long de la vie. Pour chacun d'entre nous, l'oralité ne se résume pas à la première étape de la vie. Tout cela agrémente nos premières expériences orales d'autres expériences orales, qui viennent enrichir la sphère orale à l'instant t quand on envisage sa propre psychanalyse par exemple.
Les successions logiques de la grille de repérage de Geneviève Haag s'inscrivent dans cette perspective structuraliste et non développementale classique.
La première époque, c'est quand Geneviève Haag dit que ces enfants autistes sont des enfants qui justement ont "réussi" ce cercle vicieux qui consiste à partir de leurs angoisses archaïques fondamentales à mettre en place des systèmes de défenses qui sont les signes pathologiques qu'ils présentent, et à partir desquels on va poser le diagnostic d'autisme. Ces signes manifestent ce que Bettelheim avait décrit avec la métaphore de la forteresse vide et qu'on appelle aussi la barrière autistique. Cet enfant est dans un état d'autisme maximal. Sa capacité d'être en relation avec l'environnement est interrompue. Il vit dans son château fort. Il est isolé à l'intérieur d'une carapace pour laquelle il a même fermé le pont levis et bouché tous les créneaux.
Dans cette atmosphère, dans cette ambiance très minérale, on sent bien qu'il a construit des murs, on sent bien que c'est la tête contre le radiateur, on sent bien que ce sont des cris perçants qui crient dans le désert. Ce sont les signes défensifs que l'autiste a mis au point pour pouvoir être au monde quand même, pourrait-on dire.
Il faut proposer à cet enfant autiste de remplacer les murs du château fort par leur ré-ouverture progressive et proposer qu'ils puissent utiliser les expériences partagées avec nous, comme autant de propositions que l'on va faire de mettre à leur disposition des enveloppes corporo-psychiques (Mc Dougall) pour qu'ils puissent progressivement laisser tomber celles qu'ils ont eux-mêmes mises au point depuis le début du processus autistique chez eux sans intervention de soins pertinents et qui les maintenaient en vie jusqu'alors. Ce n'est pas un travail miraculeux. Cela va demander beaucoup de temps.
Il va falloir proposer des solutions dans lesquelles on réfléchit en terme d'enveloppes corporo-psychiques.
L'enfant qui vient de naître est aux confins de plusieurs enveloppes : enveloppe sonore, la voix de sa mère qu'il connait, enveloppe olfactive, les odeurs de sa mère qu'il reconnaît, l'odeur de son père qu'il connait, les sensations tactiles lorsqu'il est dans les bras depuis sa naissance, les sensations de vision qui commencent à faire leur œuvre à partir de la naissance. L'enfant se construit une première enveloppe de "j'habite chez moi dans mon moi peau" qui est aux confins, ou à la réunion de plusieurs enveloppes sensorielles qu'il va conjuguer d'une façon convergente dans les expériences de type classique qui se répètent tous les jours et plusieurs fois par jour : tétées, changement de couches, sommeil etc...
Au fur et à mesure que ces expériences se répètent, le bébé va mettre ensemble toutes ses enveloppes sensorielles différenciées.
Et il y a aussi cette fameuse expérience décrite par Meltzer, de l'attraction consensuelle maximale. Au moment de la tétée, le bébé dans le bras maternel, au sein maternel, s'agrippe au sein maternel, se détend parce qu'on vient de lui donner ce dont il a besoin, sentant l'appui sous son dos solide, sentant le lait qui coule dans sa bouche et lui procure la satisfaction pour dépasser sa faim, sentant l'odeur de l'aisselle et du sein, ouvre les yeux, envisage sa mère, pratique l'interpénétration des regards avec elle et à ce moment-là, dit Meltzer, "attraction consensuelle maximale" : toutes les sensations différenciées ensemble fonctionnent comme une possibilité de se faire une première représentation de "ce que j'intériorise en moi de ma mère" qui va me servir après à assumer personnellement ma fonction phorique quand je serai grand.
Pour l'enfant autiste, quelque chose de cet ordre a pu se mettre en place à un moment donné, mais très vite cela s'est démantelé, dit Meltzer, c'est à dire que chacune des sensations s'est remise à naviguer pour elle-même sans tenir compte des autres.
Donc les enveloppes pathologiques sont des enveloppes mono-sensorielles : lorsque l'enfant frappe sa tête contre le radiateur, c'est douleur contre l'angoisse de ne pas cesser de tomber, quand l'enfant s'agrippe à la lumière, c'est sensation visuelle contre ne pas cesser de tomber. Sa difficulté est de trouver des enveloppes qui s'articulent et déclenchante de : "Tiens d'habitude dans ces expériences, je tombe et là je ne suis pas tombé".
Expérience du petit Johann de l'hôpital de jour. Des tas de personnes s'occupent de lui, et lui ne va voir personne. Celle qu'il va voir, c'est Janine qui fait des gâteaux. Quand Janine fait des gâteaux, le petit Johann s'agrippe à son tablier et la regarde avec air de satisfaction qu'on ne lui connait jamais avec personne. Surtout ne pas rater ça. Ne pas passer à côté parce que Janine est ASH et qu'elle ne doit pas parler aux enfants ! Utilisez Janine, avec son accord, pour qu'elle tire Johann vers l'atelier pâtisserie. Cette expérience partagée de l'enveloppe olfactive et gustative, puisqu'elle est partagée avec un autre, d'un seul coup n'est plus une enveloppe mono-sensorielle. Avec Janine, quelque chose s'est mise en place qui va permettre après d'emmener Johann avec Janine faire du cheval. A ce moment-là, une enveloppe de type sensation olfactive va se redoubler d'une enveloppe de type motricité. Lorsque Johann va arriver à monter à cheval, il va découvrir des expériences partagées très différentes de celles qu'il faisait avant avec ses automutilations.
Progressivement les enveloppes se conjuguent. C'est là qu'il est très important de faire de l'ethnologie avec chaque enfant : parce que les gâteaux à certains enfants, cela ne leur fait jamais rien, comme le cheval, ou la piscine pour d'autres, ça ne leur fait jamais rien. Il faut découvrir avec chaque enfant quel est son gisement personnel.
Je ne résiste pas au plaisir de vous dire que j'utilise aussi une technique assez décriée ces temps-ci et qui s'appelle le packing et que j'en suis très fier et que je n'ai pas du tout l'impression de faire quelque chose de regrettable. Les enveloppes corporo-psychiques, c'est une excellente entrée en matière avec un enfant qui s'automutile.
Les premiers packings que j'ai faits avec Jennifer, c'est parce qu'elle venait de s'arracher l'œil par une automutilation en bec d'oiseau, avec ses ongles. Si on trouve que c'est bien que cela continue alors que cela s'est arrêté après 15 jours de packing, eh bien cela veut dire que les gens qui parlent de ça, ne savent absolument pas de quoi ils parlent.
L'atelier packing du côté des enveloppes corporo-psychiques, c'est un sacré atelier ! Quand des enfants autistes s'automutilent gravement, qui sont en hypertonie grave et qu'au bout de quelques packs, l'enfant commence à faire des lallations, à chanter des petites chansons que depuis des années il n'avait pas eu présentes dans sa mémoire comme représentations possibles et partageables, on se dit que cela valait le coup de fabriquer ensemble des enveloppes corporo-psychiques !
C'est une bonne entrée en matière pour dire à un enfant autiste : "j'ai compris que tu te fabriques des enveloppes pathologiques. Je vais te proposer d'autres types artisanaux de fabrication d'enveloppes et on va les fabriquer ensemble. Et si on trouve le gisement qui te convient, alors dans ce gisement on va trouver des pépites". Cela permet que l'enfant laisse tomber ses premières enveloppes pathologiques et pathogènes et passe à la constitution de son image du corps en mode symbiotique dit Geneviève Haag. En mode symbiotique, vous le savez, d'un seul coup l'autre existe alors que pour l'autiste, l'autre ce n'est pas sûr qu'il existe vraiment. Quand on arrive en bonne symbiotique, dans une expérience partagée avec ces enfants, on peut travailler l'image du corps et des choses particulières très importantes dans l'image du corps comme le clivage horizontal, le clivage vertical.
C'est parce qu'on partage ces expériences-là que progressivement l'on peut aller vers la dernière phase décrite par Geneviève Haag, la phase d'individuation-séparation.
On peut dire finalement que chacun des soignants, avec l'enfant en question, va voir arriver dans sa psyché qu'il a mis généreusement à la disposition de l'enfant des choses bizarres, qui sont les équivalents de ce que Bion appelle les objets bêta bizarres, c'est à dire ces angoisses archaïques envoyées pour se faire transformer dans la psyché maternelle, ne pas trouver de réponse et revenir sous forme d'objets bêta bizarres.
Lorsque l'on travaille avec des enfants autistes, ils vous les envoient dans la figure les objets bêta bizarres. Quand le gamin s'agrippe à mon cou, je me dis : "qu'est-ce qui lui arrive ?" Objet bêta bizarre pour moi. C'est parce que cet objet bêta bizarre, par ailleurs on l'a déjà travaillé dans l'atelier conte, que d'un seul coup, moi, je vais pouvoir, grâce au travail des infirmiers, me dire : "tiens dans cette situation-là, voilà comment elle a fait cette infirmière" et finalement cela me donne une autre lecture de cet objet bêta que j'ai retravaillé grâce à ma fonction alpha d'une autre manière et cela a pu rendre dans certains cas un objet bêta en objet alpha.
Les soignants reçoivent tous ces objets, les mettent dans un endroit de leur appareil psychique qu'on peut appeler le contre-transfert et tout seuls essaient de trouver des réponses qu'en général dans la plupart du temps ils ne trouvent pas. On trouve des réponses quand on travaille dans l'atelier packing lorsqu'en réunion de synthèse on rencontre les personnes de l'atelier conte, pâtisserie ou cheval. Et vous racontez votre expérience partagée avec l'enfant et l'autre dit c'est très différent de ce que moi je connais avec l'enfant et un autre encore dit moi c'est pas pareil. C'est ça le moment sacré, sans être mystique. Il y a des moments où d'un seul coup des expériences vécues chacun avec l'enfant sont partageables avec les autres. Soit des expériences positives ou négatives. C'est très important de raconter "l'enfant m'a tenu le cou et j'ai encore la marque et je n'ai pas trouvé de solutions". On partage les expériences partagées avec l'enfant et d'un seul coup, moment sacré, cela prend sens pour les soignants.
Sur le plan logique, on serait tenter de dire si on a une formation psychanalytique classique, la prochaine fois je vais lui interpréter ça à l'enfant. Changez de métier !
C'est parce que cela a changé quelque chose en vous, que d'un seul coup vous avez trouvé du sens à quelque chose qui n'en avait pas du tout, que vous allez être différent avec l'enfant la fois d'après.
C'est comme ça que procède la matrice fondamentale décrite par Jean Oury et François Tosquelles : la constellation transférentielle. La constellation transférentielle, c'est l'opérateur qui permet de rassembler et de partager dans un lien de paroles _dans un climat qui le permet (hiérarchie subjectale) et dans une forme adaptée du collectif pour l'enfant autiste, quelque chose qui sont des expériences contre transférentielles et ce moment sacré a valeur d'interprétation pour les soignants. Et ce qui donne du sens va changer la manière dont ils vont considérer cet enfant la fois d'après.
Il faut une fonction phorique pour porter tout ça. Si les ateliers ne sont pas pensés par une certaine philosophie du travail, vous pouvez faire tous les ateliers que vous voulez, cela ne servira à rien sauf à appendre le métier que vous voulez apprendre. On peut apprendre à nager, à faire des gâteaux, mais ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte à ce moment là, c'est que l'on partage une expérience transférentielle.
Cette fonction phorique va assurer le fonds, le fondement, la base de tout ce dispositif général. Cela permet à ces enfants de vous adresser leurs signes pathologiques dans la tête, que vous allez transformer en objets bêta bizarres, et que vous allez mettre sur votre banc d'essai à vous pour le travailler soit tout seul, soit avec d'autres et vous allez assurer une fonction sémaphorique en portant les signes de souffrance de l'enfant et ensemble vous allez assurer une fonction métaphorique en réfléchissant à ce que cela veut dire toutes ces choses qui vous arrivent et qui sont dans la plupart du temps tellement bizarres. Cette triple fonction phorique, sémaphorique, métaphorique fait que progressivement l'enfant autiste se trouve dans un monde où ce qu'il fait prend du sens pour les autres alors que cela n'en avait pas précédemment.
Je referme la parenthèse soignante. Vous articulez ça avec toutes les autres personnes qui travaillent autour de l'enfant, du côté éducatif, du côté pédagogique et vous fabriquez une grande constellation dans laquelle chacun, pour ce qu'il peut y amener, va trouver du sens dans ce qu'il fait avec cet enfant. Et évidemment au centre de cette constellation, il y a les parents et l'enfant et les parents ne peuvent que bénéficier du suc contre-transférentiel que vous avez progressivement extrait au fur et à mesure de ces moments sacrés.

Au fond le dispositif d'intégration générale de la complexité que je prône aujourd'hui et que je mets en place avec les équipes avec lesquelles je travaille, que j'ai mis en place avec celles avec lesquelles j'ai travaillé, c'est précisément de pouvoir accueillir toutes ces diversités là et de pouvoir leur rendre la part, le rôle, la fonction de chacune en son lieu et place dans son rapport avec les enfants autistes et avec leurs parents.

Je vous remercie de votre attention.

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la "folie" est employé au  sens large comprendre donc maladie mentale
et jusqu'a nouvel ordre les troubles de la sphére autistique font bien partie des troubles de  santé mentale et non physique

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Forum libre / Re : bonne année 2011
« le: 04 janvier 2011 à 08:33:32 »

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